Le musée Dali rue Poulbot, près de la place du Calvaire, à deux pas de la place du Tertre est installé au cœur de ce Montmartre où le peintre a séjourné quelque temps et a rencontré Gala, sa muse!
L'endroit a du charme et, perché au sommet de la Butte, il plairait sans doute à celui qui se considérait comme l'un des "sommets" artistiques de son siècle.
Le musée propose de nombreuses œuvres dans un espace réduit et dans une pénombre "mystique" qui facilite le recueillement et la contemplation des sculptures.
Le Minotaure
Dali reprend le thème du Minotaure qui lui a servi d'illustration pour la revue surréaliste du même nom.
Le "monstre" paraît pacifique, offert aux regards dans une pose aguicheuse, féminine (les différents mâles de Dali, l'homme oiseau, Newton, le Minotaure ont tous cette ambigüité).
Corps de femme, tête de taureau, le Minotaure porte sur lui les symboles daliniens : homard, tasse, clé, tiroirs... un bric à brac surréaliste où chacun trouvera ce qu'il désire!
Le homard qui sort de son ventre est à la fois délice culinaire et crustacé dévorateur. Il évoque ici le cancer.
Les tiroirs si fréquents dans l'œuvre de Dali viennent en droite ligne du bon docteur Freud. Ils enferment les secrets tapis dans notre inconscient.
Femme en flamme
Dali reprend un personnage de son tableau peint pendant la guerre civile espagnole "Girafe en feu".
C'est la femme qui cette fois est en flamme. Un bras tendu en avant, elle essaie de tenir à distance la menace qui approche, l'autre bras replié, elle se voile les yeux.
Elle ne tient debout que grâce aux béquilles (thème récurrent) qui empêchent son corps de se courber vers la terre sous l'effet du feu.
Les fameux tiroirs s'ouvrent sous sa poitrine et sur sa jambe gauche. Ils symbolisent à la fois la mémoire et l'inconscient.
Chaque vivant est un être à tiroirs et possède une "pensée à tiroirs"! Certains cherchent à connaître ce qu'ils contiennent, d'autres les gardent fermés, confortablement jusqu'à la mort!
Saint Georges et le Dragon
C'est une des sculptures les plus achevées et les plus expressives de Dali. On peut l'interpréter sans qu'il soit nécessaire d'utiliser la boîte à outils surréaliste!
Elle pourrait trouver place dans un église. Le cavalier au visage lisse dans lequel peut se refléter chacun de nos visages triomphe en douceur du dragon qui semble consentant. Nul effort, nulle trace de souffrance...
Le thème revient souvent chez Dali comme une prophétie : victoire de la République sur le Franquisme, des démocraties sur le nazisme, de l'art sur la laideur et la vulgarité...
Bref! Victoire du Bien sur le Mal!
Que tous les intégrismes qui nous pourrissent la vie connaissent le sort de ce dragon agonisant!
Newton surréaliste
Comme un éphèbe de la Renaissance, Newton dont le visage et le ventre ont été traversés par les météores, tient avec élégance un astre d'or au bout d'un fil.
La découverte scientifique est un geste artistique de création.
Artiste et savant transforment le monde mouvant et mortel (la pomme putrescible) en moment d'éternité et d'ordre.
Masque Mortuaire de Napoléon
"A 7 ans je voulais être Napoléon" écrit Dali.
Le masque mortuaire de l'empereur s'orne de cornes tandis qu'un rhinocéros le porte sur son dos comme une carapace.
Dali pensait que Napoléon avait plus marqué l'Espagne en profondeur que les 7 siècles d'occupation arabe.
Il compose une métaphore surréaliste en associant le rhinocéros à Napoléon. Image de force qui avance... malgré la mort...
(Bon! On lui laisse son admiration!)
Le cygne éléphant
Un objet peut en représenter un autre sans aucune modification. Le cygne-éléphant en est une illustration. Dali avait déjà peint ses "cygnes reflétés en éléphants" quand il réalisa cette sculpture. Les ailes du cygne deviennent oreilles et le long cou se transforme en trompe.
A tous les coups la réalité nous trompe! Elle est plus riche et complexe que nous le croyons.
Grande Vénus de Milo aux tiroirs
Il existe de nombreuses "interprétations" par Dali de cette célèbre Vénus. Les Surréalistes ont aimé donné leur version onirique des chefs d'œuvre du passé.
![Dali. Musée de Montmartre. Sculptures. (1ère partie). Minotaure, Vénus, Saint Georges...](https://image.over-blog.com/qcTcZxaNohfuRXYpjObIgv2j5Qc=/fit-in/300x300/filters:no_upscale()/image%2F0931735%2F20160817%2Fob_fe8f50_dali-venus-6d6159e7c4653317a67b8bedd7c.jpg)
Ici notre déesse est ornée de tiroirs (le front, le menton, la gorge, les seins, le ventre, les jambes) dans lesquels il lui sera difficile de fouiller!
Une fois de plus Freud est passé par là avec ses fameux "tiroirs de l'âme humaine".
Vision de l'Ange
Etonnante illustration par Dali du mystère chrétien de la Trinité.
Elle fait penser à l'image du trèfle qui aurait été choisie par St Patrick pour édifier les Irlandais : une seule tige et trois feuilles qui en dépendent....
Le pouce dressé c'est Dieu... Celui qui donne la vie (à l'inverse du pouce baissé qui ordonne la mort dans les arènes).
De ce tronc naissent de nouvelles branches et de nouvelles pousses. Le pouce génère des pousses!
A sa droite le Fils, le Christ qui devient lui même arbre de vie...
A sa gauche, comme un ange méditatif, l'Esprit Saint qui bien que soutenu par une béquille, n'est pas enraciné et peut aller de l'un à l'autre.
On touche ici à l'essence du surréalisme qui n'est rien d'autre qu'une poésie dont la vocation est d'étonner par de nouvelles métaphores, plus étranges et plus éclairantes que les clichés habituels. Des métaphores qui nous invitent à devenir "voyants".
Les yeux Surréalistes
Il s'agit ici d'un projet architectural pour une tour "la casa de los oyos". Révolté par les barres et les tours qui saccagent les paysages et les vies, Dali se place dans la lignée des architectes "fous" comme Gaudi qu'il admire.
"Je défends le génie sublime de Gaudi en face de la face protestante de Le Corbusier".
Et il a bien raison quand on voit les dégâts générés par les suiveurs de Le Corbusier qui voulait planter des tours identiques dans tout le centre historique de Paris!