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Après les immeubles Dufayel, s'ouvre un espace qui correspond à la rencontre de plusieurs rues : la rue Christiani, la rue Myrrha et la rue Poulet qui toutes trois se jettent dans la rue de Clignancourt. On appelait jadis cet endroit "Place des hirondelles".
C'est là que se trouvait le terminus de la Compagnie des omnibus de l'hirondelle, créée sous la Monarchie de Juillet.
Intersection des rues de Clignancourt, Poulet, Myrrha (la rue Christiani est à droite, non photographiée)
Le 8 mars 2016, branle-bas de combat sur l'ancienne place. Plusieurs voitures de police bloquent l'accès, des service de la voierie enlèvent les motos, des panneaux sont installés avec leurs plaques recouvertes de plastique gris sac-poubelle.
Anne Hidalgo est attendue avec quelques notables parisiens. Elle va rebaptiser la place! Les vieux habitants se réjouissent déjà! Les hirondelles vont revenir avec le printemps!
Mais non! Sont-ils bêtes! Le 8 mars journée de la femme on ne donne pas de noms d'oiseaux aux places! On leur donne des noms de femmes! Chaque année une dizaine de rues, de places, de promenades, d'impasses, de ruelles, de culs de sac font sortir de l'oubli des héroïnes du passé.
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.... Même si aucun numéro ne correspondra à cette résistance, surnommée "la plastiqueuse à bicyclette" : Jeanne Bohec (1919-2010)
Bretonne qui rejoignit l'Angleterre avant que les Allemands n'investissent Brest, elle lutta avec les FFL. Après la guerre, elle vécut à Montmartre, avenue Junot.
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Au 39, donnant sur l'ancienne place des hirondelles, a vécu pendant plusieurs années une actrice exceptionnelle par sa sensibilité et sa "présence", Sandrine Bonnaire. Je l'ai croisée souvent, je l'ai vue quelques fois en compagnie d'Agnès Varda. J'aimais qu'elle ait choisi de vivre dans ce quartier populaire.
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Au 41 vivait un des héros de la Commune, Théophile Ferré, dit Théo Ferré, blanquiste, membre du Comité de vigilance de Montmartre aux côtés de Louise Michel qui avait pour lui une grande admiration. Chez lui se tenaient les réunions du Comité.
Théo Ferré fut exécuté à Satory en 1871.
Il est enterré dans le cimetière de Levallois où plus tard Louise Michel son amie de la Commune l'a rejoint.
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"Du mur des fusillés de mai 71, j’aurais voulu saluer les morts des hécatombes nouvelles, les martyrs de Montjuich, les égorgés d’Arménie, les foules écrasées d’Espagne, les multitudes fauchées à Milan et ailleurs, la Grèce vaincue(...)
Puisqu’il n’est plus permis d’y parler hautement, c’est mon livre que je leur dédie ; de chaque feuillet soulevé comme la pierre d’une tombe s’échappe le souvenir des morts".
Louise Michel 'La Commune"
Même vue prise à hauteur de la rue André Del Sarte (on voit les colonnes Morris de l'ancienne place des hirondelles)
On peut constater avec ces photos que depuis fort longtemps un bistro occupait cet endroit, à l'angle des rues de Clignancourt et Poulet. En 1913, il s'agissait de "Millier" Vins et tabac. Il y en eut d'autres avant.... Aujourd'hui, le café s'appelle " Le Diplomate"!
Mais le temps est révolu où l'on posait joyeusement devant l'établissement, avec enfants et petit chien rigolo, une tache sur l'œil!
La rue continue son ascension jusqu'à l'intersection avec la rue Muller et la rue Ramey, son point culminant.
Un immeuble est amarré comme un paquebot entre la rue de Clignancourt et la rue Ramey. Des photos anciennes montrent qu'il a depuis toujours abrité des commerces.
Personnel et propriétaires du magasin à la pointe des rues Ramey et Clignancourt. Mais! Où est le petit chien?
Une photo avec employés, propriétaires et clients gardent le souvenir de cette époque où les rues étaient vivantes, où l'on se promenait d'une boutique à l'autre, où les piétons étaient rois de la ville!
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A partir de cette pointe, la rue de Clignancourt amorce sa descente vers le nord. Elle s'éloigne peu à peu de Montmartre comme à regret. Elle longe une série d'immeubles de pierre assez monotones qui ont été édifiés sur les terrains du célèbre bal du Château Rouge, haut lieu de l'histoire parisienne et théâtre de drames pendant la Commune.
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Il y a tant à dire sur cet endroit que je ne peux que vous renvoyer aux articles qui lui sont consacrés dans ce blog : Château Rouge historique
Quelques souvenirs photographiques ont traversé les décennies... Ainsi, au 52 bis y avait-il une boutique spécialisée dans les dentelles et les broderies...
La rue continue sa descente vers le nord. Avant de croiser la rue Custine, elle passe devant le collège Dorgelès au 63.
L'école fut fréquentée par quelques enfants devenus célèbres... Paul Doumer bien sûr qui a sa plaque sur le mur et dont il faut sans doute apprendre aux élèves (comme sans doute à la plupart des passants!) qui fut cet écolier du passé, de même que Pierre Lazareff ou Marcel Bleustein Blanchet dont les familles faisaient partie des émigrants Juifs venus de Russie mais qui n'ont pas droit à une plaque commémorative, pourtant grande spécialité montmartroise.
Une autre plaque apposée sur la façade comme sur toutes les façades des écoles montmartroises rappelle que des enfants furent arrêtés et emmenés dans les camps de la mort.
Montmartre où ils étaient nombreux garde comme une plaie ouverte le souvenir de ces crimes, de ses poulbots assassinés...
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Un autre enfant célèbre fréquenta cette école. Il s'agit de Jean Gabin, né boulevard de Rochechouart. Ses parents habitaient à quelques pas de là, 17 rue Custine. Ils étaient artistes et ne pouvaient s'encombrer d'un gosse qu'ils mirent au vert, à Mériel chez sa sœur aînée. Il revint plus tard à Montmartre, dans cette école où il obtint son certificat d'études.
Avec sa gouaille et son accent, Gabin est un véritable gars de Montmartre qui lui a rendu hommage en donnant son nom, à une place à deux cents mètres du collège, rue Custine.
(à suivre... 3ème partie... de Custine à Marcadet)