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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Monuments. Cabarets. Lieux, #MONTMARTRE. Rues et places.
Utrillo

Utrillo

     Il est incontestablement une des stars de Montmartre, le "monument" le plus photographié avec le Sacré-Cœur et le Moulin rouge, celui que le monde entier connaît sous le nom de Moulin de la Galette.

Le moulin de la Galette. Le Radet.

    Beaucoup d'études lui ont été consacrées mais il me semble que la plus précise et la plus claire soit celle que propose "Montmartre en revue" de décembre dernier, signée Jean-Manuel Gabert.

Le moulin de la Galette. Le Radet.

    Sur son origine les spécialistes se disputent mais la plus simple des hypothèses et sans doute la plus vraisemblable est celle qui fait de lui un authentique Montmartrois dont l'existence est mentionnée dès le début du XVIIIème siècle (ce qui n'empêche pas les cartes postales de le faire naître en 1295!)

 

   En effet c'est en 1717 que le meunier François Chapon après s'être constitué un beau domaine qui, pour ceux qui connaissent la Butte, couvrirait toute la Cité des Arts, entre les rues Norvins, Girardon et de l'Abreuvoir, exploite le petit moulin qui existait à cet endroit. 

Le moulin de la Galette. Le Radet.

     

Les Montmartrois lui donnent alors pour nom : "Moulin Chapon".

Le moulin de la Galette. Le Radet.

    Il reste Chapon jusqu'au milieu du XVIIIème siècle quand il est saisi (1744) peu après la mort du meunier en faillite et qu'il change de propriétaire.

Impossible de connaître la date exacte de son nouveau baptême qui le voit passer de Chapon à Radet. 

Années 50

Années 50

          Aucun de ses propriétaires ou de ses meuniers ne porte ce nom qui semble venir de nulle part. Nous avons évoqué dans notre article sur la rue des Moulins (Norvins) plusieurs hypothèses plus ou moins fantaisistes.

Alors que la future rue Lepic est appelée rue de l'Empereur (1852) le moulin aurait pris dans la foulée le nom d'un glorieux général de la Grande Armée, Etienne Radet.

Autre hypothèse, un montmartrois connaisseur des moulins à eaux, appelés moulins à radet aurait pu par comparaison avec un assemblage de planches qui ressemblent à un radeau, l'appeler ainsi.

Enfin, le plus vraisemblable serait que ce nom n'aurait été autre que celui d'un des meuniers qui s'y sont succédé et dont nous n'avons gardé aucune trace.

Le Blute-Fin aujourd'hui, toujours au même emplacement que lors de son baptême!

Le Blute-Fin aujourd'hui, toujours au même emplacement que lors de son baptême!

    C'est  sous ce nom de Radet qu'il est acquis en 1812 par Nicolas-Charles Debray qui depuis 1809 est déjà propriétaire du majestueux Blute-Fin toujours en place rue Lepic.

Le 1 avenue Junot, avant-dernier emplacement du Radet.

Le 1 avenue Junot, avant-dernier emplacement du Radet.

    Le meunier avisé décide de "rapprocher "ses deux moulins et en 1834 après avoir démonté le Radet l'installe à l'entrée de sa ferme, à peu près au 1 avenue Junot actuel. Les deux moulins se trouvent inclus dans la même propriété Debray et peuvent comme des sémaphores communiquer entre eux!

Le moulin de la Galette. Le Radet.

    L'emplacement du Radet est idéal et il est l'endroit rêvé pour boire le petit vin de la Butte et manger les bons produits de la ferme, sans oublier les galettes bien dorées confectionnées par la meunière avisée. Le Radet est alors appelé avec reconnaissance par les promeneurs du dimanche, "moulin de la galette".

Le moulin de la Galette. Le Radet.

     Moulin de la Galette il est, moulin de la Galette il restera.

                                     Dernier déménagement du Radet

     Pourtant, il lui reste à franchir quelques mètres encore pour s'arrêter définitivement là où nous le voyons aujourd'hui, à l'angle des rues Lepic et Girardon.

Le moulin de la Galette. Le Radet.

   C'est en hommes d'affaires avisés que les Debray engagent un  orchestre pour faire guincher les Parisiens qui se dépaysent à Montmartre. Le Blute-Fin est agrémenté d'une terrasse avec vue sur tout Paris et entre lui et son petit frère sont construites des salles de bal.

Renoir. Bal au Moulin de la Galette;

Renoir. Bal au Moulin de la Galette;

     C'est la grand époque du Radet devenu Moulin de la Galette. Peintres, poètes, écrivains l'immortalisent.

                                 Bal au Moulin de la Galette.(Lautrec).

     Il ne sait pas qu'il est menacé par Auguste Debray, "le petit père Auguste", qui pour agrandir son domaine veut le faire disparaître au profit de salles plus grandes et d'un restaurant.

   

 En 1925, le moulin est démonté et à sa place une laide construction commerciale et fonctionnelle est érigée. Montmartre gronde, les amoureux de la Butte n'acceptent pas ce sacrilège. Debray pour calmer le vent de révolte décide de remonter son moulin au-dessus de ses nouveaux bâtiments. L'effet est franchement désastreux. Le pauvre moulin n'en croit pas ses ailes. Et pourtant il restera là, moulin juché sur son béton, pendant presque un demi siècle.

 

    En 1977,  la restauration du vieux Montmartre est menée tambour battant, le moulin est restauré, le porche d'entrée belle époque est reconstruit après qu'eut été rasée la hideuse construction de Debray.

Le moulin de la Galette. Le Radet.

     Et voilà! Notre moulin de la Galette peut attendre, heureux face au vent et au soleil, le Jugement Dernier. Il reste impassible quand il entend certains guides affirmer qu'il n'est pas le vrai moulin de la Galette et que celui qui mérite ce nom est situé à une centaine de mètres, altier et intact sur sa terrasse.

Il est vrai qu'une entrée au pied du moulin en haut de la rue Tholozé, peut tromper. C'est que la famille Debray avait donné ce nom à tout son domaine, une enseigne commerciale rêvée et qui faisait fi de la susceptibilité du plus grand, du mieux conservé des deux derniers moulins de Montmartre qui était fier d'être le Blute fin!

 

     Et pour terminer notre coup de chapeau par dessus les moulins, voici quelques hommages rendus au Moulin de la galette, alias Radet, par les peintres, le principal, le plus amoureux étant bien sûr Utrillo.

 

Utrillo

Utrillo

Utrillo

Utrillo

Van Gogh

Van Gogh

           Buffet (à l'époque où le moulin était perché sur la vilaine construction de béton

Jacques Ruiz

Jacques Ruiz

Merio Ameglio

Merio Ameglio

Elysée Maclet (un peu copié d'Utrillo)

Elysée Maclet (un peu copié d'Utrillo)

Gen Paul

Gen Paul

                                                 Le Radet par la fenêtre (Camoin)

Le Moulin de la Galette (Yaki)

Le Moulin de la Galette (Yaki)

Utrillo pour finir en beauté!

Utrillo pour finir en beauté!

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Publié le par chriswac
Publié dans : #POEMES...Divers
Ukraine debout

 

 

Peuple du blé mur sous le ciel des moissons

Peuple des couronnes de fleurs sur la tête des filles

Peuple du sel et du pain

Peuple sous les bombes

Peuple des enfants jetés sur les routes

Des vieilles femmes et des vieillards tremblants comme des chevreuils

Des jeunes mariées qui n’auront pas de noces

Des hommes qui n’ont jamais tué et qui portent un fusil

Peuple du courage qui lutte pour ma faiblesse

Peuple effrayé qui lutte pour ma peur

Peuple debout qui lutte pour mon sommeil

Peuple d’Ukraine

Pardon pour notre lâcheté

Pardon pour notre confort complice des assassins

Pour tout ce qui pour nous est si précieux

Que pour le conserver nous n’acceptons ni d’avoir un peu froid

Ni de laisser la voiture au garage

Pardon de vous regarder assis dans nos fauteuils

Entre les jeux télévisés et le film du soir

Appeler au secours devant les chars qui avancent

 

Ukraine debout
Ukraine debout

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Le nain Piéral, un grand Montmartrois

     Eh oui! C'est sur la Butte qu'a vécu cet artiste célèbre et dont le souvenir ne s'effacera pas grâce à Cocteau, Carné, Bunuel et quelques autres.

Portrait de Piéral (boulet)

Portrait de Piéral (boulet)

     Montmartrois il l'est puisqu'il avait pour adresse une des rues les mieux préservées de Montmartre, la rue Berthe. Exactement au 22. 

                                                                  22 rue Berthe

      Il est né en banlieue à Levallois Perret en1923. Son père, quoique de petite taille, mesure 32 centimètres de plus que lui. L'enfant dont le nanisme diagnostiqué à la naissance incommode ses parents est mis en nourrice dans l'Yonne.

     Pour calmer un bébé qui passe ses nuits à hurler, la nourrice verse de la goutte dans ses biberons. "Pendant trois ans, écrira Piéral, j'ai été ivre-mort"!

   

      Il y a mieux comme début dans l'existence! Repris par ses parents, il "grandit" vaille que vaille avec un jeune frère qui très vite le dépasse. L'expérience qu'il a de la vie est alors celle qui est réservée aux enfant différents. Sa mère qui n'accepte pas son anormalité le conduit d'hôpital en hôpital et le présente à de grands spécialistes jusqu'au jour où l'un d'entre eux, excédé par son insistance lui déclare : "Que voulez-vous que je fasse de ça?"

    L'école aussi est un rude apprentissage. Il doit courber le dos sous les quolibets quand ce n'est pas sous les caillasses.

   

     Il a 16 ans au début de l'Occupation et il fait des études de joaillerie. Il va découvrir le plaisir des sens, dans un bordel tout d'abord dont il sort ébloui, puis avec un jeune homme qui le drague dans la rue. Il se rend compte que le nain qu'il est, attise les fantasmes des hommes et des femmes. Ce sera pour lui une sorte de revanche sur les gens "normaux".

                                                                 Piéral jouant Lautrec

     Il a eu à Montmartre un devancier célèbre, Toulouse Lautrec, que les prostituées surnommaient "la théière" à cause de sa petite taille et  de son sexe avantageux!

     Il parle avec beaucoup de liberté de sa bisexualité dans le livre de ses mémoires "Vu d'en-bas".  Le titre est expliqué par lui : il lui faut "renverser la tête en arrière pour découvrir un visage plutôt que des fesses."

 

     Une part non négligeable du livre est consacrée, sans fard, à cette vie sexuelle. Si l'homosexualité semble dominer quand il décrit les partouzes où il est invité d'honneur, quand il parle de son amant acrobate du cirque Bouglione ou d'autres encore, c'est pourtant une figure féminine qui domine. Une femme de vingt ans son aînée, Angela, dont il a été amoureux pendant des années. 

"J'ai été l'amant le plus ardent et le plus comblé par une maîtresse qu'on m'enviait"

 

     Nul doute qu'il entrait une part de satisfaction de se voir préféré aux hommes "normaux" par une femme sensuelle qui attirait tous les regards dans les cabarets montmartrois.

Lucrèce Borgia

Lucrèce Borgia

     Ses succès sexuels n'auraient pas suffi à le combler s'il n'avait rencontré par hasard Henri Lartigue qui l'embauche pour faire du théâtre et jouer le rôle d'un bouffon.

Le bouffon va coller à sa peau et il devient le bouffon attitré du cinéma français. Le bouffon est celui dont on se moque certes mais il est aussi celui qui se moque des autres.

   

                                                         La Princesse de Clèves

      Il n'empêche qu'encore une fois c'est pour son physique si dur à assumer qu'il est choisi et qu'il rencontre le succès. Les propositions vont se succéder au théâtre comme au cinéma. Il est le nain monstrueux dans  Les Visiteurs du soir de Marcel Carné, il est le bouffon dans Lucrèce Borgia de Christian-Jaque, le bouffon encore dans La Princesse de Clèves de Delannoy. 

   

                                                    Piéral (Madeleine Sologne, Cocteau, Jean Marais

 

     Sa participation aux Visiteurs du soir (1942) va lui permettre de rencontrer un homme qu'il admire et avec qui il noue une véritable amitié, Jean Cocteau. "Sans lui, je serais resté un lémurien condamné à vivre et mourir dans les ténèbres."

                                                                      Le Capitan

Il aime jouer avec jean Marais qu'il retrouve dans Le Capitan (1960) de Hunebelle et qui comme Cocteau est toujours resté un ami.

   

                                                 Cet obscur objet du désir

      Il a joué dans une trentaine de films parmi lesquels Cet obscur objet du désir (1977) de Bunuel où il est psychanaliste ou Lola Montès (1955) de Max Ophuls où il redevient nain de cirque, le nain Eddie aux côtés de Mr Loyal interprété par Peter Ustinov.

                                                                     Lola Montès

     Evidemment il n'est pas oublié par l'industrie du cinéma porno et il apparaît dans les onze mille verges (1975, d'après Apollinaire) de Lipman où il se mue en cantatrice. 

Piéral ne refuse pas de se travestir en femme comme il le fit, plus jeune, dans un cabaret où il devenait Mae West, ou comme en 1947 dans le film de Pierre Prévert, Voyage surprise où il s'amuse à incarner la grande duchesse Marika de Stromboli :

 

       Enfin un des plus mélancoliques et hypersensibles réalisateurs du cinéma français, Guy Gilles, le fait jouer dans deux de ses films.                                                         

                                                         Le crime d'amour (Guy Gilles)

         Le Crime d'Amour (1981) et Nuit docile (1987) où il est lui-même, habillé comme il l'était en se promenant dans les rues de Montmartre, costume noir, foulard blanc et chapeau à la Bruant.

                                                                  Nuit docile (Guy Gilles)

      Revanche sur ses débuts difficiles dans la vie, il est populaire. Il a été et reste le nain le plus célèbre du cinéma français. La télévision a fait appel à lui pour plusieurs téléfilms, réalisés notamment par Claude Santelli ou Georges Folgoas. Dans un des téléfilms il est de nouveau le nain de service (le nain Barnabé dans Les ferrailleurs des Lilas).

Il tourne son dernier téléfilm avec Paul Planchon, Le Roi Mystère en 1991, mini série écrite d'après Gaston Leroux.

     En écrivant ses mémoires, il tente de raconter la lutte qu'il lui avait fallu mener pour faire de son handicap une force.

S'il a le regard aigu sur ses contemporains et n'hésite pas à les épingler, tels Raimu et Fernandel, tous deux "d'une avarice maladive", ce qui domine, bien plus que ses coups de griffe, c'est la souffrance d'un enfant mal aimé qui garde de ses blessures les plaies jamais cicatrisées.

      Il aura réussi malgré cette souffrance à se réaliser comme acteur de talent et surtout comme être humain dont les qualités ont séduit Cocteau, Jean Marais, Angela.... et beaucoup d'autres anonymes qui ont su le voir sans l'enfermer dans son handicap. 

Le nain Piéral, un grand Montmartrois

    Il meurt en 2003, après des années de souffrance dues à son cancer.

Il ne meurt pas puisqu'il est  vivant, pour l'éternité passagère de notre civilisation, sur les écrans de lumière qui nous promettent un éternel retour.

Liens

Personnages, célébrités, peintres de Montmartre

Rues de Montmartre

                                              La rue Berthe où vivait Piéral

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Publié le par chriswac
7 mars. Anniversaire de Nini. Un poème.

 

 

7 mars 2022. Photos pour un anniversaire

 

 

 

Tu vois nous sommes là tous les deux sur un dragon de bois rouge quelque part en Thaïlande

Ou peut-être à Singapour je ne sais plus très bien

Mon bras entoure tes épaules et te serre contre moi

Nos sourires se cognent dans l'air comme des silex

Nos mains sur nos genoux pèsent comme des chats 

 

Tu vois nous sommes là tous les deux à l’arrière d’un bateau sur le ciel

Quelque part entre Silhouette et Praslin

Mon bras entoure tes épaules et te serre contre moi

Nos regards se rencontrent comme font les ruisseaux

Nos mains s’offrent les coupes où le vin frissonne

 

Tu vois nous sommes là tous les deux sur un quai de la Giudecca à Venise

 L'église de la Salute de l'autre côté du canal tourne avec ses chevaux blancs

Mon bras entoure tes épaules et te serre contre moi

Nos regards se poursuivent à saute-mouton sur les toits

Nos mains sont mieux scellées que les pierres du Rialto

 

Tu vois nous sommes là tous les deux le 7 mars 2022 sur les fauteuils rouges que nos chats ont griffés

Dans cet appartement que tu as choisi dans le ciel

Mon bras entoure tes épaules et te serre contre moi

Nos visages sont les miroirs où ils se dévisagent

Nos mains déchirent le papier doré du présent que chaque jour elles se tendent

 

 

7 mars. Anniversaire de Nini. Un poème.
7 mars. Anniversaire de Nini. Un poème.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #album
Album photos de Montmartre février 2022

1er février. Illusion de printemps et de bonheur! Mais vite! Remettre son manteau après la photo!

Album photos de Montmartre février 2022

2 février. Un rayon de soleil pour les amoureux. Square louise Michel;

Album photos de Montmartre février 2022

3 février. Perchée dans le ciel!

Album photos de Montmartre février 2022

4 février. La statue s'anime.

Album photos de Montmartre février 2022

5 février. Oui mais il parle aux oiseaux...

Album photos de Montmartre février 2022

6 février. Toit brillant sous ciel en tourment.

Album photos de Montmartre février 2022

7 février. "Le temps s'en va, le temps s'en va madame... Las le temps non, mais nous nous en allons...." (petit salut à Ronsard sur la place Dalida).

Album photos de Montmartre février 2022

8 février. L'optimisme du chat!

Album photos de Montmartre février 2022

9 février. Un baiser, un rayon de soleil. La liberté d'aimer.

Album photos de Montmartre février 2022

10 février. Filmer les merveilleux nuages et Paris des merveilles.

Album photos de Montmartre février 2022

Le 11 février. Il est revenu avec le soleil le danseur au ballon dans le ciel de Montmartre.

Album photos de Montmartre février 2022

12 février. Deux mondes.

Album photos de Montmartre février 2022

13 février. Le saxophoniste place Valadon. Il ne doit pas ignorer que le saxophone a été inventé à quelques rues de  là, dans son atelier de la rue Pigalle par Adolphe Sax qui passe son éternité dans le cimetière de Montmartre.

Album photos de Montmartre février 2022

14 février. Salon et lampadaire boulevard Marguerite de Rochechouart.

Album photos de Montmartre février 2022

15 février. Entre soleil et pluie devant Paris tout entier...

Album photos de Montmartre février 2022

16 février. Rue du cardinal Guibert. Le garçon à l'étoile.

Album photos de Montmartre février 2022

17 février. Square Nadar. Un peu lourd le bébé!

Album photos de Montmartre février 2022

17 février. Le sourire que font naître les animaux qui nous approchent.

Album photos de Montmartre février 2022

18 février. Frémissement du printemps. Square louise Michel.

Album photos de Montmartre février 2022

19 février. Un rayon de soleil le soir rue Utrillo.

Album photos de Montmartre février 2022

20 février. Méditation taoïste devant le parking à vélos.

Album photos de Montmartre février 2022

21 février. L'amour en équilibre.

Album photos de Montmartre février 2022

22 février. Saut à la corde escalier Foyatier.

Album photos de Montmartre février 2022

23 février. Les arbres-neiges messagers du printemps, rue Ronsard.

Album photos de Montmartre février 2022

24 février. Farniente pas très confortable.

Album photos de Montmartre février 2022

25 février. La tour Eiffel à travers les arbres en fleurs du square Nadar.

Album photos de Montmartre février 2022

26 février. L'acrobate.

Album photos de Montmartre février 2022

27 février. A la poursuite de son ombres.

Album photos de Montmartre février 2022

28 février. Le dernier tour, le dernier jour de février. Un mois assez triste au fond, marqué par les assauts de l'omicron et par l'invasion de l'Ukraine.

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Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

      La seconde partie de la rue Norvins (ancienne rue des Moulins) commence côté pair rue des Saules et côté impair place Jean-Baptiste Clément. Moins photographiée que la première partie (rue Traînée), elle est cependant riche par ses monuments et par son histoire.

La ligne des moulins, photo prise en 1845 par Hyppolite Bayard.

La ligne des moulins, photo prise en 1845 par Hyppolite Bayard.

    Elle devait son nom aux nombreux moulins situés sur la ligne de crête qu'elle longeait. Curieusement il subsiste à Paris une rue des Moulins qui évoque les ailes que l'on voyait sur la Butte depuis le quartier du Palais Royal. 

Le salon du 6 rue des moulins

Le salon du 6 rue des moulins

     Cette rue des Moulins, proche de l'avenue de l'Opéra n'est pas sans rapport avec Montmartre puisque le peintre emblématique de notre quartier, Toulouse Lautrec, y fréquenta la maison close située au 6 où il peignit le salon.

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

     Passée la rue des Saules qui évoque Bruant  ("Son p'tit fichu sur les épaules, ell' rentrait par la rue des Saules, rue Saint-Vincent") nous trouvons au 20, ô surprise, une boutique de cartes et reproductions, une "galerie" qui vend quelques toiles.

 Elle a pris la place d'une épicerie plus qui se spécialisait dans les grains de café à moudre ....

 

     Les 22 et 22 bis sont une des plus belles adresses de Montmartre. Il s'agit de la Folie Sandrin.

La Folie Sandrin

La Folie Sandrin

     Il y eut tout d'abord à son emplacement, au début du XVIIIème siècle, une riche demeure, nommée à juste titre "Palais Bellevue". Son histoire commence vraiment en 1774 lorsqu'il est racheté par Antoine Gabriel Sandrin, homme des Lumières s'il en fut car il était maître chandelier, c'est à dire fabricant et marchand de bougies et chandelles. Il crée un parc à l'anglaise avec petit temple et rocailles. Il construit une extension et arrive à compter 24 pièces en sa demeure.

 

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

     Le Palais Bellevue devient "la Folie Sandrin". Etrange prémonition que ce nom qui comme chacun sait signifiait "feuillée", maison de campagne mais qui déjà avait le sens qu'on lui connaît aujourd'hui. En effet c'est un aliéniste, le docteur Prost, qui l'acquiert en 1805 pour en faire un lieu d'accueil et de thérapie pour ceux que l'on nomme fous. Loin des méthodes traditionnelles violentes, il obtient de remarquables résultats en respectant ses patient, en vivant avec eux et partageant leurs repas.

     En 1820, l'établissement est cédé au célèbre docteur Esprit Blanche qui poursuit l'œuvre de Prost.

Son patient le plus célèbre est Gérard de Nerval qui décrit la maison où il séjourna "fashionable et même aristocratique". Incapable de payer une pension fort élevée, il fut reçu aux frais du docteur Blanche qui le prit en charge comme il le fit pour d'autres artistes.

 

    Après la clinique, la folie connut divers avatars, institution pour jeunes filles de bonne famille (jusqu'en 1875), école normale pour jeunes filles (années 1950-1960), école religieuse...

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

     Elle se délabrait et peu à peu devenait ruine quand les promoteurs avisés s'en emparèrent en 1970, la restaurèrent et la débitèrent en appartements de grand luxe.

Quelques célébrités y vécurent plus ou moins longtemps comme Jean Marais qui faisait des allers-retours entre Vallauris et Montmartre,  Gérard Oury, Michèle Morgan (qui n'y séjourna que brièvement).

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.
Entrée du réservoir rue Norvins.

Entrée du réservoir rue Norvins.

     En face de la Folie Sandrin au 9 subsiste un monument original qui n'est autre que l'ancien château d'eau du village, construit en 1835 dans un style néo Renaissance élégant. L'édifice octogonal donne rue Lepic et il est agrémentée d'une fontaine, une urne de bronze ornée de naïades et de tritons.

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

    Une pompe hydraulique installée à Saint-Ouen et relayée par une autre pompe passage Cottin alimentait le réservoir de 125 000 litres.

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

     La population montmartroise augmentant au XIXème siècle avec le lotissement du maquis et la constructions de "maisons d'six étages, ascenseur et chauffage", il fallut en 1860 rehausser le réservoir pour lui permettre de recevoir plus de 260 000 litres.

 

Utrillo

Utrillo

     L'ajout disgracieux disparut en 1969, le réservoir ayant été désaffecté une vingtaine d'années plus tôt. Aujourd'hui il abrite des expos temporaires et sert surtout de siège à la Compagnie du Clos de Montmartre chargée de défendre et promouvoir la piquette réalisée grâce aux vignes voisines, exposées plein nord! 

                                  La rue Norvins (Utrillo) avec à gauche la folie Sandrin et à droite le réservoir.

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

     Le 11 est une reconstruction des années 1920. Il a en effet reçu le 7 août 1918 un obus attribué à tort à la Grosse Bertha (en réalité tiré par les canons allemands à longue portée, les "Pariser Kanonen").  L'obus le fit voler en éclats, en même temps que plus au sud d'autres obus frappaient l'église Saint-Gervais et la façade de Notre-Dame. 

Les 15-17

Les 15-17

     À l'emplacement des 15-17, était situé le moulin de la vieille tour (1623-1840). Il occupait le terrain situé entre les rues Norvins et Lepic actuelles.

(Sur cette gravure, on voit en premier plan le chemin qui deviendra la rue Lepic. A droite le moulin de la Vieille Tour (15-17 rue Norvins) et le moulin de la Petite tour (21 rue Norvins). Le chemin qui s'ouvre à gauche sera la future rue Girardon.)

 

Le moulin de la Petite Tour (1647-1854) devient en 1824 "la Tour à Rollin" du nom de son nouvel acquéreur, Joseph Rollin. Quand il est détruit ses pierres servent de soubassement au pavillon sur la rue Norvins.

 

                                              Le 21 rue Norvins (aussi 4 rue Girardon)

    Remplaçant le moulin dont les ailes légères tournaient dans le ciel montmartrois, un gros immeuble cossu typique des constructions qui détruisent le vieux Montmartre au début du XXème siècle, s'est installé sans état d'âme.

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

     Malgré sa lourdeur l'immeuble est connu de tous les admirateurs de Céline. L'écrivain raciste après avoir vécu 13 ans rue Lepic y emménagea en 1941 avec Lucette Almanzor et le chat Bébert récupéré chez Le Vigan.

 

     Il appréciait l'endroit d'où il avait une vue imprenable :" Moi j'avais, c'est vrai mon 7ème (en réalité il habitait au 5ème)! L'air! La vue! Lointaine! Cent bornes! Toutes les collines jusqu'à Mantes! Mais quelle haine cet air m'a valu! Cette vue!... personne me les pardonne encore!..."

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

     Comme si cette haine prétendue était due à la jalousie et non aux ignobles pamphlets qu'il continua d'écrire alors qu'il habitait Montmartre! "Les Beaux Draps" datent de 1941.

Je ne sais à quoi pensait Céline lorsqu'en 1942 il voyait de son appartement si bien placé les bus de la  rafle qui stationnaient en haut de l'avenue Junot.

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

    En 1944, il assiste de sa fenêtre au bombardement de Paris qu'il décrit dans "Féérie pour une autre fois" : "Le miroitement des tuiles! bijoux! diamants!...les bombes éclatent là-dedans en fleurs! rouges! rouges! en œillets!..."

     Et peu après, il prend courageusement la fuite avec les collabos, sachant qu'il risquait d'être jugé et condamné à mort.

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

     Ironie de l'histoire, dans ce même immeuble avaient lieu des réunions secrètes de la Résistance comme le rappelle une plaque récemment apposée sur la façade.

23 oct 2021. Cérémonie pour la pose de la plaque commémorative. Je passais par là! Sur la droite, de dos, Pierre-Yves Bournazel député du 18ème.

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

Revenons maintenant où nous étions restés côté pair, après la Folie Sandrin. 

Le 24 est à la fois un petit square qui porte le nom de "jardin Frédéric Dard" et une cité d'artistes. Il faisait partie à l'origine de la Cité Norvins et s'appelait "square de la Cité-Norvins" à son inauguration en 1958.

                          Le jardin en février 2022, fermé pour réaménagement. Une interminable fermeture!

    Ce petit espace de 620 m2 actuellement fermé pour cause de réaménagement est une concession que fit la ville aux riverains irrités de voir tout l'espace occupé par la cité (6000 m2 avec ses arbres, sa nature originelle) fermé aux riverains et aux promeneurs depuis 1999.

Et même cette "concession" minimale fut-elle contestée par certains résidents de la Cité, inquiets de perdre leur tranquillité!

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

     De vieilles photos du début du siècle nous montre l'endroit tel qu'il était, ouvert à tous, véritable havre de verdure et de calme au cœur du vieux village, miraculeusement épargné des appétits voraces de la spéculation immobilière.

 

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

    La Cité-Norvins fut rachetée par la ville afin d'interdire son lotissement, pour devenir "la Cité des Arts". Elle est composée de vieux immeubles et maisons du XIXème siècle ainsi que d'immeubles d'ateliers du début du XXème siècle. Elle est utilisée comme résidences pour les artistes et gérée par la Cité Internationale des Arts qui possède un autre site dans le Marais.

 

     Le 24 avant d'être loti porta la star des moulins montmartrois, le moulin de la Galette (aujourd'hui à l'angle des rues Lepic et Girardon).

 

    Sa présence est attestée au début du XVIIIème siècle quand sur le vaste terrain acquis par François Chapon, il prend fièrement le vent qui à cet endroit ne ménage pas sa peine. Il a pour nom, comme il se doit, Moulin Chapon.

Le Radet et plus loin le Blute-Fin.

Le Radet et plus loin le Blute-Fin.

     Son histoire est mouvementée mais pour la résumer, disons que passant de propriétaire en propriétaire il finit par devenir le moulin Radet. Nom mystérieux puisqu'aucun propriétaire ne le porta. J'émets une hypothèse hasardeuse. Les Montmartrois entichés de Napoléon (la rue Lepic actuelle est nommée rue de l'Empereur) auraient pu avoir envie d'honorer un général de la Grande Armée, Etienne Radet, qui de plus dirigea l'enlèvement du pape Pie VII.

     Sans doute est-il plus sage de penser que le "Radet" du moulin aurait été un des meuniers locataires du lieu.

   Une dernière hypothèse vient de m'être suggérée par un ami lecteur qui relève que dans un ouvrage sur la meunerie il est question de moulin à radet. Il s'agit il est vrai de moulins à eaux avec une plateforme flottante. La terrasse des moulins faite de planches ressemblant à un radet (radeau) a pu conduire les villageois à lui donner ce nom. Why not? 

      C'est en tout cas le plus célèbre meunier de Montmartre, de la dynastie des Debray, Nicolas-Charles qui en fit l'acquisition en 1812 après avoir enrichi son patrimoine trois ans plus tôt  d'un autre moulin, plus grand, le Blute-Fin, celui que l'on découvre, splendide et altier depuis la rue Tholozé. 

 

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

     Debray a la lumineuse idée, pour raison commerciale de faire déménager  en 1834 son Radet qui franchit une centaine de mètres pour se fixer près de son emplacement actuel (photo).

Il lui reste encore à franchir, un peu plus tard, une petite distance jusqu'à l'angle de la rue Lepic (rue de l'empereur à l'époque).

 

 

   

 C'est là qu'il est photographié par des hordes de touristes qui ignorent qu'il fut de 1924 à 1977 perché sur un socle de béton lourd et laid. Il sera restauré en 1977 ainsi que son entrée belle époque. 

 

 

Fin de la rue avec à gauche les jardins transformés en immeuble et place Marcel aymé

Fin de la rue avec à gauche les jardins transformés en immeuble et place Marcel aymé

Nous arrivons maintenant au dernier numéro de la rue Norvins, le 26.

    les terrains libres sur lesquels était installé le Radet, ont été dans leur partie ouest sacrifiés au profit d'un imposant immeuble et d'une place.

Marcel Aymé rue du Mont-Cenis.

Marcel Aymé rue du Mont-Cenis.

     Il s'agit de la place Marcel Aymé (1902-1967) du nom de l'écrivain qui vécut dans cet immeuble pendant les trois dernières années de sa vie, et y mourut.

Il était Montmartrois d'élection, ayant eu pour adresses successives le 9 rue du square Carpeaux,  le 9 ter rue Paul Féval (pendant 30 ans) et enfin le 26 rue Norvins. 

   

Après sa mort, Jean Marais réalisa en son hommage une sculpture qui illustre une de ses nouvelles les plus connues, "Le passe-muraille". La sculpture fut inaugurée en 1989 et elle attire les touristes qui aiment se faire photographier devant elle.

Rue Norvins à Montmartre. Ancienne rue des moulins.

     Jean Marais qui à l'occasion se découvrait sculpteur donna à son passe-muraille la tête de Marcel Aymé et les mains de Jean Cocteau.

 

     Marcel Aymé eut pour voisin dans cet immeuble un musicien qui fut célèbre en son temps :

 

    Je retiens, outre ses créations que je connais peu, qu'il a été pendant presque 20 ans l'époux de Colette Steinlen, fille de notre Alexandre, le peintre humaniste engagé pour les humains et pour les chats! 

                                                               Colette et un chat (Steinlen)

    Il ne se contenta pas de la belle puisqu'il eut deux autres épouses. Après ses trois mariages, il fallut bien conclure par un enterrement qui eut lieu en 1965 dans le vieux cimetière Saint-Vincent où il a pour colocataires Alexandre Steinlen et Marcel Aymé!

 

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La rue Norvins en février.

La rue Norvins en février.

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

     Nous sommes avec la rue Norvins au cœur du cœur de Montmartre et par chance elle a gardé en partie l'image de ce que fut le vieux village. Un article déjà ancien lui a été consacré sur ce blog mais il nous semble intéressant de l'actualiser et de réparer quelques oublis! 

La rue Norvins à partir de la rue des saules vers la place du Tertre

La rue Norvins à partir de la rue des saules vers la place du Tertre

     Cette étroite artère célébrisime figure sur les plus anciens plans de Montmartre sous le nom de rue Traînée ou Trenette dans sa partie entre la place du Tertre et la rue des saules, et rue des moulins dans celle qui va de la rue des saules à la rue Girardon.

La rue Norvins à partir de la rue Girardon (ancienne rue des moulins)

La rue Norvins à partir de la rue Girardon (ancienne rue des moulins)

    C'est un décret de 1868, huit ans après le rattachement de Montmartre à Paris qui lui donne son nom toujours actuel de rue Norvins.

 

                                 Portrait de Jacques Marquet de Montbreton de Norvins par Ingres

    Il y avait à l'époque un vénération pour Napoléon, d'autant plus ardente qu'elle permettait par opposition d'amoindrir et de critiquer Napoléon III, appelé par Hugo "Napoléon le Petit". Il se trouve que Jacques Marquet de Montbreton de Norvins, né la même année que Napoléon (1769), fidèle entre les fidèles, a écrit un livre-somme "Histoire de Napoléon" qui connaît un vif succès. Il prête trois excès à son héros, "l'excès du génie, l'excès de la fortune, l'excès du malheur".

Il en fait ainsi un personnage romantique idéalisé!

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

    Évidemment le nom de la voie est raccourci afin de n'avoir pas à dérouler l'interminable patronyme : Jacques Marquet de Montbreton de Norvins ! La particule elle même a pris la poudre d'escampette. 

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

    Commençons donc la visite par la première partie de la rue, entre la place du Tertre et la rue des saules. Au début, Seul le côté pair est construit, formant un des côtés de la place du Tertre,  du 2 au 8.

 

    Le 2 est un petit immeuble assez disgracieux qui a pris la place du fameux hôtel du Tertre qui lui même avait été construit sur les culs-de-basse-fosse de la prison de ces dames, Abbesses de Montmartre. C'est un haut lieu du Montmartre artiste et bohême où venaient siroter l'absinthe, au Rez de chaussée, chez Bouscarat, Degas, Toulouse Lautrec, Puvis de Chavannes.

Le  2 (premier immeuble à droite), Hôtel du Tertre.

... Le relais fut pris par Satie qui venait en voisin de la rue Cortot, Modigliani, Couté, Max Jacob, Carco...

                                          Le 2, aujourd'hui

    Plus tard encore on y rencontrera Picasso, Renoir ou Vlaminck....

  L'hôtel fut vendu par Bouscarat pour être détruit et remplacé en 1938 par l'immeuble actuel qui enlaidit la place du Tertre et dont le café restaurant en s'appelant "La Bohême" a couru en vain après la légende montmartroise puisque depuis la pandémie ou à cause d'elle il a fermé ses portes.

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

     Le 4 est le célèbre "Cadet de Gascogne" qui n'est pas si ancien qu'on pourrait le penser. Henri Borde, un gascon qui avait du flair racheta un petit commerce de village pour créer son restaurant en 1928.

Il est cadet de famille et selon la tradition gasconne, les biens revenant à l'aîné, il devait partir à l'aventure, à la recherche de la fortune. La fortune fut au rendez-vous, le gascon avisé acheta, succès aidant, le restaurant "Patachou" et l'énorme maison, de l'autre côté de la place, avec vue sur tout Paris, habitée aujourd'hui par Nagui de la télévision française!

On peut voir clairement sur cette carte que le restaurant n'occupait que les deux tiers du petit immeuble. Il avait pour voisin "Le singe qui lit" qu'il avala en partie pour occuper l'ensemble de l'immeuble.

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

     Il faut dire un mot de ce singe sacrifié dont vous pouvez lire l'article complet sur ce blog. En 1908, il y avait là un bric-à-brac, une brocante foutraque tenue par un personnage hors pair, Emile Boyer, "brocanteur, anarchiste, fort en gueule, caractériel, marchand de frites et de peintures".

Emile Boyer et sa friteuse

Emile Boyer et sa friteuse

    Il était ami d'Utrillo et de Gen Paul dont il vendait dessins et toiles. Après lui il y eut un autre patron, Gremillet, puis une boutique de souvenirs made in China, mais la vieille enseigne et le décor avaient été respectés, jusqu'en 2018 où tout fut détruit pour agrandir la mère Catherine!

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

 Au 6 vit donc cette ogresse de   "mère Catherine" . A l'origine il s'agissait d'une brave citoyenne, Catherine Lamotte (nom parfois orthographié Lamothe) qui en 1793, année connut pour sa douceur et sa tolérance, acquit l'ancien presbytère vendu comme bien national.

 

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

    En 1814, elle subit le passage des cosaques, grands amateurs d'alcool, qui pour être servis sans attendre criaient "bistro" c'est à dire "vite"! Ainsi le mot bistro serait né chez la mère Catherine. Aujourd'hui une plaque perpétue la légende que serinent les guides.

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

       En réalité le mot n'apparaît qu'en 1884 dû à l'abréviation du provençal "bistroquet". Peu importe à Catherine qui aurait fait fi de la controverse si en 1844 elle n'avait rendu son âme à Dieu, renversée par une pièce de vin qu'elle descendait à la cave. On ne dira jamais assez que l'alcool tue!

   

 Après elle d'autres propriétaires se succèdent parmi lesquels le gros Guillaume, auréolé de son passé de garde national pendant la Commune puis le père Lemoine, 2ème maire de Montmartre, connu sous le pseudo de "père La Bille" pour avoir installé dans son restaurant un billard. 

Le 8 rue Norvins

Le 8 rue Norvins

     Au 8 dans une vieille maison du XVIème siècle, le petit comptoir remplace un "estaminet" qui lui-même remplaçait un humble commerce villageois.

Début côté impair de la rue Norvins (1, 1bis, 1ter).

Début côté impair de la rue Norvins (1, 1bis, 1ter).

     Nous pouvons maintenant nous intéresser aux numéros impairs qui commencent là sur une sorte de placette dont le premier immeuble donne sur la place du Tertre. Il faisait corps à l'origine avec le 1bis et le 1ter.

     Ô surprise ineffable, une enseigne temporaire annonce l'ouverture d'une boutique de souvenirs "le singe qui lit"! Ainsi le nom de ce singe sauteur ne quittera t-il pas Montmartre!

Auparavant était installé dans cette maison le syndicat d'initiative de Montmartre qui est descendu de quelques dizaines de mètres jusqu'au 7 rue Drevet.

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

     Une plaque nous rappelle (!) qu'à cet endroit, le 24 décembre 1898, arriva "une voiture à pétrole pilotée par Louis Renault, marquant ainsi le départ de l'industrie automobile française". Soyons fiers Montmartrois, nous abriterions le premier "bistro" de France et serions à l'origine d'une industrie qui fut le fleuron de notre pays! 

 

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.
La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

    Il y avait jusqu'en 1921 une terrasse ouverte entre ce groupe de maisons dont une partie fut détruite. Il resta un terre-plein central racheté par la ville, sans doute pour élargir la rue Norvins et qui aujourd'hui forme cette placette pittoresque sur laquelle donnent ces vieilles maisons villageoises.

Le 10.

Le 10.

    En face côté pair, le 10, malgré les pétitions des Montmartrois a vu s'installer une enseigne américaine qui ouvre la voie aux MacDo et autres joyeusetés mondialisées.

Il subsiste de vieilles cartes qui ressuscite le quartier ancien et le siège de la Commune Libre du temps de Depaquit.

Les 12, 14, 16....

Les 12, 14, 16....

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

     Pas grand chose à dire des autres numéros pairs sinon que les maisons où ils sont installés sont d'authentiques maisons du vieux village miraculeusement conservées.

Arrêtons nous seulement au 18, présent sur toutes les cartes postales, "le Consulat".

 

     Il est peint sur de nombreuses toiles et il est fréquent de voir des peintres (notamment asiatiques) poser leur chevalet devant le restaurant en figure de proue entre les rues Norvins et Saint-Rustique.

                                                                     Utrillo

Utrillo

Utrillo

     Il y eut à son emplacement la "Friterie, liqueurs à emporter" du père Luc avant que l'emplacement idéal n'attirât les artistes qui prirent très vite l'habitude de venir y boire et manger.

     Peintres et poètes s'y rencontrent bien avant que le Consulat d'Auvergne ne devienne Consulat de Savoie dans les années 60 quand son propriétaire monsieur Poppon voulut rendre hommage à la région dont il était originaire.

 

     Une affiche encadrée rue Saint-Rustique et rue Norvins rappelle le nom de quelques artistes qui le fréquentèrent, sans oublier les cinéastes qui apprécièrent son côté si "pittoresque"!

Woody Allen est un des derniers à avoir situé à proximité quelques scènes de  "Tout le monde dit I love you" et de "Midnight in Paris". 

 

      Revenons côté impair que nous avions laissé au 1ter. De petits immeubles se succèdent, témoins eux aussi du vieux village. Chacun d'eux abrite un commerce de restauration ou de souvenirs formatés pour les touristes. 

Le 3 années 60

Le 3 années 60

Les 3 aujourd'hui

Les 3 aujourd'hui

     Entre le 3 et le 5 s'ouvre une courte impasse, anciennement nommée "Cul-de-sac Saint-Vincent" et baptisée "Impasse du Tertre" en 1867.

 

     Une plaque recommande aux automobilistes de ralentir pour ne pas heurter les petits poulbots!

Voilà une alerte bien anachronique pour notre temps où les voitures ne peuvent emprunter la rue et où les enfants habitant le haut Montmartre ont disparu depuis belle lurette! Comme les sauriens découverts dans les carrières de la Butte!

       Le 7 est un restaurant au nom désuet : "la Pétaudière" qui comme chacun sait est un lieu où règne l'anarchie et la confusion.

L'expression viendrait de Rabelais et de sa "cour du roi Pétaud", joyeuse assemblée où chacun avait la même autorité que le roi!

 

     C'était le nom d'un cabaret fameux, 10 rue Tholozé, dirigé par le chansonnier Léon Zanroff auteur du fiacre chanté par yvette Guilbert.

En 1928 le cabaret disparut, remplacé par le studio 28, cinéma célèbre pour ses lustres dessinés par Cocteau.

Impasse Traînée, aujourd'hui rue Poulbot.

Impasse Traînée, aujourd'hui rue Poulbot.

     La Pétaudière donne en partie rue Poulbot, ancienne impasse traînée. Son nom venait de la manière dont on chassait le loup, "à la traînée" en tirant sur le pavé une charogne dont l'odeur ne pouvait manquer d'allécher le pauvre loup qui tombait dans une trappe dissimulée sous des branchages.

Rue Poulbot. La Pétaudière à droite, le Tire-bouchon à gauche.

Rue Poulbot. La Pétaudière à droite, le Tire-bouchon à gauche.

       Ce n'est qu'en 1967 que l'impasse se transforma en rue et prit le nom de Poulbot. 

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.
La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

     En face de la Pétaudière, au 9 rue Norvins a survécu un vieux cabaret, le Tire-Bouchon. 

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

    Le cabaret ouvert après la 2ème guerre a été une pépinière de talents venus tenter leur chance à Paris. De nombreux jeunes chanteurs y ont débuté et donné pour quelques sous un court récital.

                                                     Brel non loin du Tire-Bouchon, rue Poulbot

     Parmi eux comment ne pas citer Brassens ou Brel qui tous deux passèrent du Tire-Bouchon au cabaret de Patachou un peu plus loin, rue du Mont-Cenis. Bernard Dimey, Francis Lai, Fernand Sardou aimèrent l'ambiance artiste et bon enfant du lieu.

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

    La rue continue avec ses ennuyeuses boutiques pour s'arrêter, dans sa première partie, avec ce qui fut longtemps la dernière boulangerie du haut Montmartre.

On la voit encore sur les cartes postales des années 60. Elle a survécu aussi longtemps qu'elle a sut résister aux sirènes de la spéculation et des offres de rachat.

 

    C'est fini depuis une quinzaine d'années...

 

     Il n'y a plus de boulangerie dans ce quartier. Une boutique de souvenirs, une de plus, a pris sa place. Elle donne en partie sur la place Jean-Baptiste Clément.

La rue Norvins à Montmartre. Première partie, ancienne rue Traînée.

    Ici s'arrête la première partie de la rue Norvins, celle qui s'appelait rue Traînée. La prochaine fois nous arpenterons la deuxième partie, l'ancienne rue des moulins.

On se dit que le charme de Montmartre a quelque chose de magique pour subsister malgré l'enlaidissement commercial!

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Speedy graphito. Halle Saint-Pierre.
Speedy graphito. Halle Saint-Pierre.

     La halle Saint-Pierre, plus chanceuse que ses consoeurs "Baltard" du ventre de Paris, sauvagement détruites sous Pompidou, abrite un musée vivant ouvert à l'art brut et à la photographie. Quand il fut créé dans les années 1990, il exposait une partie de la collection d'art naïf de Max Fourny dont il porte toujours le nom.

Speedy graphito. Halle Saint-Pierre.
Speedy graphito. Halle Saint-Pierre.

     Et puis les naïfs prirent la poudre d'escampette pour être remplacés par des artistes à la mode, représentants de l'art brut. Mais le musée garde du temps de ses débuts les bannières d'un artiste de rue qui était dans le vent urbain, Speedy Graphito.

Speedy graphito. Halle Saint-Pierre.

     Ce sont elles qui reçoivent pluie, soleil et fientes de pigeons contre la façade. Elles offrent au passant malgré les injures du temps, leurs dessins de vitraux et leurs couleurs vives.

Speedy graphito. Halle Saint-Pierre.

     Speedy Graphito, de son vrai nom Olivier Rizzo (né en 1961) est considéré comme l'un des pionniers en France du street-art (beaucoup moins branché quand on l'appelle à la française "art des rues").

Speedy graphito. Halle Saint-Pierre.

    Dans les années 80, il parcourt nuitamment les artères de la ville pour les décorer de ses pochoirs et ses collages qui sont vite remarqués pour leur originalité et leur gaité. Déjà il donne vie à des personnages stylisés et dynamiques qui ne sont pas sans rappeler Keith Haring.

 

        Parmi eux, des chiens bleus, des diables rouges et un lapin robotisé, Lapinture.

 

 

   En 1985, Speedy est couronné du prix de la meilleure affiche du concours lancé par le Ministère de la Culture pour les mois du musée : "La ruée vers l'art".

 

    Avec le temps, Speedy s'inspire de plus en plus de la culture populaire, des icônes du dessin animé, des personnages de jeux vidéo... dans des compositions où l'humour ne manque pas de pointer le bout de son nez.

 Ce qui ne cache pas l'influence chez lui de peintres qu'il admire comme Miro ou Picasso.

Les frontières du temps et des cultures s'abolissent et Riri peut bien faire du trampoline devant la vague d'Hokusaï...

 

    Aujourd'hui Speedy ne fait plus que rarement le mur. On le rencontre dans des musées, des galeries, des salles des ventes...

Raison de plus pour ne pas manquer de lever la tête vers ses bannières de la Halle Saint-Pierre rue Ronsard, sans oublier de passer devant la porte colorée de la rue Nodier.

Speedy graphito. Halle Saint-Pierre.
Speedy graphito. Halle Saint-Pierre.
Speedy graphito. Halle Saint-Pierre.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #album
Montmartre. Album photos janvier 2022.

1er janvier. Montmartre revêt les couleurs de l'Europe. Grosse polémique ridicule à propos du drapeau européen à l'Arc de Triomphe!

Pas encore de polémique sur le bleu du Sacré-Coeur! 

Montmartre. Album photos janvier 2022.

2 janvier. Le soir avec la foule devant le Sacré-Coeur.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

3 janvier. Dans le jardin des chiens, square Nadar. Le petit animal n'a pas besoin de masque.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

4 janvier. La nuit le Sacré-Coeur est bleu mais le jour c'est le ciel!

Montmartre. Album photos janvier 2022.

5 janvier. Place du Calvaire. 

Montmartre. Album photos janvier 2022.

6 janvier. Nouveau décor du restaurant du moulin, influence mexicaine.....

Montmartre. Album photos janvier 2022.

7 janvier. Petite famille au complet, square Nadar.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

8 janvier. Le visage de l'amour. Square Louise Michel.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

9 janvier. Sourires d'Asie! Escalier du sacré-Coeur.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

10 janvier. Comment traumatiser un bébé! Place Saint-Pierre.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

11 janvier. Au-dessus de la ville brumeuse.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

12 janvier. Se tenir chaud devant la ville glacée.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

13 janvier. Le cheval et la lune. Square Louise Michel.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

14 janvier. Le roi doré se maquille. Place Saint-Pierre.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

15 janvier. Solitude.

 

 

 

 

 

Montmartre. Album photos janvier 2022.

16 janvier. 17h. Le nuage comme un oiseau de Magritte qui se dissout.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

17 janvier. On s'aime à Montmartre.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

18 janvier. Le parasol bleu. La place du Tertre est débarrassée jusqu'au printemps des structures sinistres qui abritent les terrasses envahissantes des restaurants!

Montmartre. Album photos janvier 2022.

19 janvier. Le chat dans la vitrine avec Bouddha. Haut de la rue Lepic.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

20 janvier. Le moulin dans le ciel (rue Lepic)

Montmartre. Album photos janvier 2022.

21 janvier. vivre dans une bulle!

Montmartre. Album photos janvier 2022.

22 janvier. L'arbre coupé. Rue Paul Albert.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

23 janvier. "Frères humains qui devant nous passez, n'ayez le coeur contre nous endurci..."

Montmartre. Album photos janvier 2022.

24 janvier. Le petit lapin a perdu son bébé. Grilles de la basilique.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

25 janvier. Marches du Sacré-Coeur. Le monde brillerait comme un soleil si nous aimions comme savent aimer les chiens.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

26 janvier. Il y a toujours des amoureux qui s'embrassent au sommet de la ville, là où tant de couples ont accroché un cadenas avec leurs noms afin que leur amour dure toujours, ou presque.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

27 janvier. Un soir froid et magique où la rue de l'abreuvoir m'appartenait!

Montmartre. Album photos janvier 2022.

28 janvier. Un échappé de Jurassic Park!

Montmartre. Album photos janvier 2022.

29 janvier. Nouveaux amateurs de peinture sur la place du Tertre.

Montmartre. Album photos janvier 2022.

30 janvier. Un petit goût d'été!

Montmartre. Album photos janvier 2022.
Montmartre. Album photos janvier 2022.

31 janvier. Dernier soir du mois. En attendant le printemps!

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     Voisin de l'Auberge du Clou vandalisée légalement en 2021 pour laisser place au Seasons Martyrs, il y eut un autre cabaret flamboyant de Montmartre : l'Âne rouge.

Là ou était l'âne rouge, vous trouverez le "paprika"!

Là ou était l'âne rouge, vous trouverez le "paprika"!

      Il a depuis fort longtemps cessé de braire et au 28 avenue Trudaine il a laissé place au "Paprika" du nom d'une épice de couleur rouge elle aussi, mais il est hors de question de ne pas le "ressusciter" le temps d'un article, tant il fait partie de l'histoire de notre quartier.

Cartouche (illustration de Tessier et Sarrou).

Cartouche (illustration de Tessier et Sarrou).

     Remontons au second Empire, en 1870, avec le père Laplace que certains appellent "le père de Montmartre". En effet, marchand de tableaux avisé, il eut l'idée d'organiser des rencontres d'artistes, poètes et peintres autour d'un verre, dans sa boutique.  Devant le succès, il la transforma en café,  "La Grande Pinte", hommage à un célèbre débit de boissons (créé en 1724) situé à la barrière d'Antin, là où trône aujourd'hui l'église de la Trinité et qui eut pour fidèle client le brigand Cartouche qui appréciait le puits de l'établissement donnant accès à des souterrains précieux en cas d'alerte.

    La Grande Pinte de Laplace peut être considérée comme un des premiers cabarets montmartrois où s'exprimaient et étanchaient leur soif poètes et chanteurs!

CABARET de l'âne rouge Montmartre, avenue Trudaine.

     C'est en 1889 que commence l'histoire de notre cabaret quand la Grande Pinte est rachetée  par Gabriel Salis pour devenir l'Âne Rouge.

Le Chat Noir de Rodolphe Salis, d'abord sur le bd de Rochechouart (ensuite rue de Laval, aujourd'hui Victor Massé)

Le Chat Noir de Rodolphe Salis, d'abord sur le bd de Rochechouart (ensuite rue de Laval, aujourd'hui Victor Massé)

    Le nom de Salis est familier aux oreilles des Montmartrois ! Salis! Le Chat Noir! Le cœur même du Montmartre des artistes et de la Bohême! Mais attention, un Salis peut en cacher un autre! Le Chat Noir appartient à Rodolphe Salis tandis que l'Âne rouge est la propriété de Gabriel Salis, son frère cadet.

Enseigne de Willette pour le Chat Noir, rue de Laval (aujourd'hui Victor Massé)

Enseigne de Willette pour le Chat Noir, rue de Laval (aujourd'hui Victor Massé)

    Les deux frères ne s'entendent pas, ou alors comme chien et chat (à cause d'une rivalité féminine)! C'est pour concurrencer Rodolphe que Gabriel ouvre son cabaret à proximité du Chat Noir.

   

Le nom aurait été trouvé par Willette pour se moquer du mauvais caractère un tantinet buté de Rodolphe et de sa crinière rousse.  

                                                                  Caricatures de Willette :

- Il fut un temps où je portais la farine au moulin...

_ Mais j'en avais plein le dos de Pierrot et de sa farine...

- Et il est mort depuis...

- Là ousqu'est mon mouchoir?

- Mes amis tout ça est à vous... pour de l'argent! Buvez et multipliez!

- C'est pour la réparation de la Butte qui s'écroule sous le poids de ma gloire

- De l'audace, de l'audasse et encore de l'audasssse et toujours de l'audasssssse!      (Willette)

     Gabriel Salis surnommé le léopard ou encore le don Quichotte de Montmartre, moins autoritaire que son frère entraîne avec lui une partie des habitués du Chat Noir, à commencer par Willette qui accroche dans la grande salle son tableau peint après la Commune "la fédérée de la place du Tertre".

Tableau inspiré par un poème de Richepin qui sera plus ou moins copié par Bruant :

"Le drapeau rouge autour du corps

Lui allait mieux qu'un linceul d'or

Elle est tombée la gueule ouverte

A Mont-merte".

    Parmi les artistes qui participent au "décor" en accrochant quelques unes de leurs œuvres, nous trouvons Steinlen, celui-là même qui a créé pour Salis l'affiche devenue icône de Montmartre.

Nous trouvons encore Georges De Feure peintre symboliste qui avait son atelier à proximité, rue de l'agent Bailly et qui mérite d'être redécouvert.

                                                  Georges de Feure (femme dans la neige)

     L'Âne rouge connaît un grand succès avec la venue de la bande des Hydropathes de Goudeau et avec quelques personnalités marquantes de la bohême montmartroise.  Il suffit de citer Verlaine, Charles Cros, Xavier Privas, Marcel Legay, Gaston Couté, Paul Delmet, Willette, Steinlen, Bottini.... Toutes ces figures montmartroises habituées de l'Âne rouge n'en fréquentent pas moins d'autres cabarets, d'autres lieux mythiques aujourd'hui qui se réclament de leur célébrité.

Gabriel Salis dans son cabaret (caricature de Lepetit)

Gabriel Salis dans son cabaret (caricature de Lepetit)

     Gabriel Salis contribue à l'ambiance joyeuse et impertinente. Il se réjouit de voir s'anémier le Chat Noir de son frère tandis que son Âne est en pleine forme. 

 

    Rodolphe Salis tente de retrouver le succès en organisant des tournées dans toute la France et en innovant avec le théâtre d'ombres dont certaines silhouettes sont conservées au musée de Montmartre. La dernière séance eut lieu en 1896, après quoi Rodolphe pris d'une folie destructrice s'acharna contre le mobilier et la décoration de son établissement, hâtant sa mort définitive.

 

     Il meurt l'année suivante, en 1897. Gabriel Salis eut-il du remords, retrouva -t'il l'affection perdue pour son frère? Toujours est-il qu'il vendit son Âne rouge peu de temps après, en 1898.

Son acquéreur fut André Lesage, dit Andhré Joyeux, compagnon de la première heure et chansonnier apprécié qui n'eut pas le temps de faire ses preuves à la tête de son cabaret car, atteint d'un cancer à l'estomac, il se suicida en septembre 1899.

CABARET de l'âne rouge Montmartre, avenue Trudaine.

      Il ne reste que quelques années de vie à notre Âne rouge qui est racheté en 1900 par Mauricette Renard puis en 1903 par  Léon de Bercy, chansonnier, parolier, membre du Club des Hydropathes et ami de Bruant avec qui il écrit un dictionnaire de l'argot, mais mauvais gestionnaire qui abandonne le pauvre Âne en 1905.

CABARET de l'âne rouge Montmartre, avenue Trudaine.

C'est la fin du cabaret mais pas de son nom. Un certain monsieur Choulot ouvre un restaurant qui garde pour sa publicité l'enseigne devenue célèbre.

 

CABARET de l'âne rouge Montmartre, avenue Trudaine.

     Quelques années plus tard le nom disparaît à son tour. Les fourneaux du restaurant s'éteignent et c'est une boulangerie qui s'installe à sa place. Fin de l'Âne Rouge!

Le Paprika qui aujourd'hui occupe son emplacement n'a pas détruit la céramique originelle au-dessus de la porte avec notre âne rouge gourmand, tenu en laisse par une femme nue virevoltante! Ultime relique du célèbre cabaret!

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